2010/11/08

Lundi 8 novembre — Jour 6 : visite du Camp iCare (je prends soin) de Port-au-Prince

Même si nous pouvions nous y attendre depuis des mois que nous préparons cette mission, la journée d'aujourd'hui a été notre point culminant sur le plan émotionnel. C'est impossible à traduire, et chacun de nous expliquera ce qu'il a ressenti à son entourage!

Une partie du groupe est allée au camp iCare dans le secteur Lalue de Port-au-Prince, qui abrite 600 familles et 4 000 personnes. Nous y avons installé une clinique médicale juste à l'entrée du camp, avec deux médecins, dont Clertida Lamothe-Cassamajor, que nous avons appris à connaître au cours de la semaine et qui est vraiment une femme extraordinaire. Comme la veille, les patients souffrent de malnutrition, de problèmes de parasites et de peau, de carence en fer et d'infections de toutes sortes.

Les instructions pour la médication ont été facilitées grâce à l'aide d'une interprète présente sur place, Nadine, car les Haïtiens ne comprennent pas encore le Beauceron et l'accent de Caroline Poulin ;-) Environ 150 personnes, femmes et enfants, ont été examinées jusqu'à la nuit tombante. Le comble c'est que du coup, c'est le personnel médical, qui a travaillé tout l'après-midi sans relâche et sous la chaleur, qui était déshydraté. Une fois la clinique médicale terminée, nous avons distribué 600 bassines (cuvettes) contenant des ensembles d'hygiène, qui avaient été préparées dans les jours précédents par dix Haïtiennes que nous avions engagées. L'Expé-mission a déboursé 6 000 US$ pour cela. Malgré ce beau geste, la distribution ne s'est pas faite sans heurt, les familles se bousculant à l'entrée de la clinique pour être sûres d'obtenir une des bassines. Les six policiers de la Police nationale d'Haïti (PNH) qui nous accompagnaient ont dû intervenir à plusieurs reprises pour contenir la foule. La tension est montée, et quelques hommes forts de l'Expé-mission ont joué aux gardiens de sécurité (merci à Serge, Robert et Simon!)

Certains membres de la mission ont été visiter l'intérieur du camp, accompagnés d'un responsable. Ce camp est divisé en blocs (''quartiers'') avec des cabanes en tôle d'à peine 8 pieds carrés. Les conditions d'insalubrité dépassent ce que l'on pouvait imaginer, avec une odeur nauséabonde et les ordures qui jonchent le sol. Malgré cette misère indicible — car même les photos ne peuvent la retranscrire — les enfants sautaient de joie à notre vue et nous manifesté beaucoup d'affection en nous tenant par la main dans tous nos déplacements. Cela nous réchauffe le coeur. Tout ce que nous vivons ici est une bonne leçon de positivisme envers la vie et d'humilité. En dépit du paysage décrit, les Haïtiens demeurent en tout temps pacifiques à notre égard. Petits et grands sont curieux et avides d'engager la discussion avec nous.

Le reste du groupe est parti ce matin pour l'ascension du pic La Selle, point culminant d'Haiti. Cette équipée est composée de Catherine Brulotte, Patricia Rancourt, Marie-Josée Normand, Serge Dessureault, Alex Poudrier, Jean-Pierre Danvoye, François-Guy Thivierge et David Chamberland. Nous avons eu des nouvelles d'eux aux alentours de 20 h et ils s'apprêtaient à dormir pour partir tôt dans la nuit et seront de retour à Port-au-Prince dans la journée de mardi.

Demain, mardi, étant donné que tout ce qui est au programme de la mission a été achevé avec une journée d'avance, nous nous offrons une journée de repos pour visiter Port-au-Prince. Nous concluerons la mission par un souper au restaurant tous ensemble, avec des amis croisés au cours de la semaine. Dommage qu'on ne puisse pas inviter tous les ti-mouns (enfants) qui ont ''grangou'' (faim), mais nous sommes fiers de ce que nous avons accompli en si peu que six jours sur le terrain. Et l'énergie qui passe entre nous est très forte et touchante aussi.

Texte : Caroline Poulin, Katia Bussière et Florence Bourg

MESI ANPIL à tous pour vos messages! Désolés si nous n'avions pas eu le temps de les approuver/publier avant, mais ça nous réchauffe le coeur de les lire, car nous nous disions justement qu'on n'avait aucun commentaire!! C'est bienvenu surtout en cette journée très éprouvante, plusieurs d'entre nous ont eu le coeur complètement chamboulé.

Jour 5 : vie communautaire à la messe de l'Église du Sacré-Coeur et 2e visite à l'École Mark-Bourque

Une jolie petite paroissienne traverse les ruines de l'Église du Sacré-Coeur
Photo Jean-Pierre Danvoye (tous droits réservés)

L'espoir renaît sur les ruines sous la forme d'une superbe fleur d'Hibiscus
Photo Caroline Poulin (tous droits réservés)

Photo Caroline Poulin (tous droits réservés)


Photo Caroline Poulin (tous droits réservés)


Photo Jean-Pierre Danvoye (tous droits réservés)

Dimanche 6 novembre, nous avons eu le privilège d'aller à la messe donnée à l'Église Sacré-Coeur, dans le quartier Turgeau.


Pour commencer la journée, nos hôtes Wilsa et Nathalie nous ont fait goûter au met dominical traditionnel, préparé avec amour : la soupe giraumon. Un vrai délice !

Puis, nous avons eu l'occasion d'assister (et de participer !) à la messe à l'Église Sacré-Coeur, ou plutôt ce qu'il en reste, c'est-à-dire absolument des ruines : la célébration se déroule en fait sous la tente Sacré-Coeur, au beau milieu des restes de l'édifice. Voir des images de l'église avant le séisme ici et


Quel contraste de voir les Haïtiens en costume du dimanche, levant le pied pour franchir les obstacles des amas de débris, pierres, morceaux de vitraux, etc. Environ douze ministres de la communion, qui étaient en réunion quand le tremblement de terre s'est fait ressentir, ont péri ici le 12 janvier. Robert Lessard avait composé un poème (intitulé Hispaniola, Ayiti, Haïti), écrit trois semaines après le séisme, que nous avons lu devant une assemblée aussi émue que nous. L'amour, la paix et la solidarité étaient palpables.


Ensuite, nous nous sommes dirigés vers l'École Mark-Bourque, pour notre deuxième visite de la semaine à cet établissement que nous parrainons. Nous y avons installé une clinique et notre équipe médicale, composée de Caroline Poulin (ex-inhalothérapeute), de l'infirmière Nathalie Cliche, assistées de Katia ont dispensé des soins à une centaine d'enfants. Les soins données sont des traitements de base, qui s'apparentent à la médecine de brousse mais soulagent grandement les enfants : toux, pansement de plaies, traitement de parasites, etc. Des jeux éducatifs ont été distribués aux élèves, avec atelier de pâte à modeler à l'appui puisque les enfants n'avaient aucune idée de la façon d'en faire. En après-midi, l'équipe est redescendue de la montagne qui abrite l'école, croisant caféiers, flamboyants et papyrus. Le retour fût assez périlleux, encore uns fois sous la pluie et sur un terrain très glissant. Nathalie Cliche a improvisé une clinique de brousse en chemin, rencontrant quelques personnes malades au bord du sentier.

Demain, une partie du groupe se dirigera vers le pic La Selle, sommet du pays, pour en faire une ascension symbolique en l'honneur de l'Expé-mission.

Texte : Florence Bourg
Photos : Jean-Pierre Danvoye et Caroline Poulin